Exposition Photographique "Quarante"

Exposition "Quarante"

40 ans
14 610 jours
350 640 heures
21 038 400 minutes
1 262 304 000 secondes

Je suis né d'une femme de la quarantaine. Quelques années après, elle mit fin à ses jours. J'ai voulu dans ce travail associant une nature encore sauvage et ces portraits de femmes nues, lui rendre un hommage, mais aussi questionner ce moment symbolique qui correspond, à notre époque et dans notre société, au milieu de vie. J'ai ainsi demandé à chacune de ces femmes d'intervenir sur la photo avec un texte, sur cette idée de la quarantaine, du temps fuyant, de la jeunesse à jamais perdue, du corps se transformant lentement. J'ai toujours aimé associer texte et image, que ce soit dessus, autour, à côté. Cette fois-ci, l'écriture et la forme ne sont pas les miennes. Elles agissent comme une désappropriation, un renoncement délibéré en forme de preuve d'amour.
 
J'ai appris mes premières notions de photographie dans un ouvrage des éditions Paul Montel. Je ne me souviens plus du titre, mais d'une image en noir et blanc de nu dans des rochers qui m'a longtemps fasciné. Je ne me souviens pas plus de son auteur, mais cette image est restée profondément inscrite en moi, s'est lentement transformée, pour être retranscrite aujourd'hui dans ce travail. Je ne recherche pas un point de vue photographique original, mais m'inscris dans une forme très classique qui me convient, où l'idéal de cette photographie fantasmée se reproduit : pose simple et sans artifice, nature. Ellle pose aujourd'hui la question de la représentation du corps dans sa vérité, face au retour de la censure religieuse, puritaine, ou idéologique. Il faut se rappeler que la représentation du corps dénudé, autrement que dans des scènes mythologiques ou religieuses, est récente dans l'histoire de l'art occidental.
 
Dans Les Baigneuses et La Source, Courbet peint les femmes loin des canons officiels, dans la nature. La nature est notre terre mère, Pachamama chez les Incas, liée à la fertilité. Sauf qu’en se rendant « maîtres et possesseurs de la nature », selon la formule de Descartes, nous nous en sommes éloignés, jusqu’à la considérer comme objet, uniquement là pour assouvir nos besoins, mais aussi nos désirs démiurges. Le temps nous est compté. J’ai photographié ces femmes de la quarantaine dans un environnement de nature qui semble vierge de toute trace humaine, ou en reconquête de son environnement. À la fois une détresse face à la disparition annoncée, mais aussi un espoir, celle d’un monde différent porté par la féminité. 
Formats tirages 80 x 100 et 100 x 125 permettant une bonne lisibilité des textes. 
Sur chaque image est apposée une plaque gravée aux nombres de jours de chaque femme au moment de la prise de vue.

Biographie

Né en 1959, Jean-Michel Leligny a été formé à l’Ecole Nationale Louis Lumière, Dans ces derniers travaux, il associe photographie et écriture sous différentes formes visuelles, et se sert de son histoire personnelle pour y puiser une histoire universelle qui interroge les rapports entre l’homme et la nature dans une approche poétique.

Ouvrages parus :

Tout va bien (livre d’artiste en cours)
Tentation de disparition (éditions de Juillet)
Terre des Vandales (livre d’artiste)
1944, 30 Normands témoignent (éditions MyNormandie)
2°20, La France par le milieu (éditions de Juillet)

Informations pratiques
Vernissage le samedi 18 février de 16h à 21h
Rencontre autour de l'exposition le samedi 4 mars à 17h