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Entretien
Culture
Un Été au Havre

"Raconter en grand les petites choses de la vie"

Fabien Mérelle, artiste phare d'Un Été au Havre, racontent les histoires de ses oeuvres

Artiste phare d’Un Été au Havre 2018, le dessinateur Fabien Mérelle a choisi de raconter une histoire, la sienne, à travers deux sculptures monumentales qui se répondent et une exposition de dessins, à la bibliothèque Niemeyer.

  • lehavre.fr : Quelle est l’origine d’À l’origine ?

Fabien Mérelle : Le point de départ est un petit dessin que j’ai réalisé en 2010. Il représentait un homme, moi, en T-shirt blanc et pantalon de pyjama rayé, portant sur ses épaules un éléphant. Cette image traduisait ce que je ressentais à l’époque. J’étais alors confronté au poids de la tradition et de l’Histoire. Je souhaitais épouser ma compagne mais j’étais catholique et elle, de confession juive. Cet héritage me semblait alors très lourd à porter. J’ai donc fait ce dessin que j’ai appelé Le Pentateuque, en référence aux cinq premiers livres de la Bible que nos deux religions ont en commun.  

  • lehavre.fr : Comment ce petit dessin est devenu une sculpture de 6 m de haut ?

F.M. : Pour une exposition de rue, à Hong-Kong. Le commanditaire a vu le dessin et a souhaité en faire une sculpture monumentale. J’ai bien aimé l’idée et le défi technique que cela représentait car je n’avais encore jamais pensé à créer de sculpture, qui plus est de cette taille !

  • lehavre.fr : Vous récidivez aujourd’hui avec Jusqu’au bout du monde

F.M. : Cette statue, c’est toute une histoire ! En tout cas, c’est celle que j’ai voulu raconter quand Jean Blaise* m’a contacté pour faire partie d’Un Été au Havre 2018. Elle répond au Pentateuque que j’ai rebaptisé À l’origine. D’un côté, vous avez un homme, dos à la mer, ployant sous le poids d’une situation qu’il pense insurmontable à un moment donné de sa vie ; de l’autre côté de la plage, vous voyez le même homme, portant sa fille sur ses épaules, le regard tourné vers l’horizon, vers l’avenir.

  • lehavre.fr : Pourquoi cette figure paternelle ?

F.M. : À cause du lieu. Quand j’ai entendu parler du Bout du Monde, ça m’a mis mal à l’aise. Moi, le petit fils d’émigré dont le grand-père est sans doute parti un jour du Havre pour aller chercher fortune en Amérique, je ne pouvais pas imaginer que le monde s’arrêtait justement là. Et puis, j’ai découvert le site, témoin magnifique de ce qu’était ce paysage avant la ville : un mélange de ciel, de falaise, de mer et de vent, un défi face aux éléments. J’ai voulu ajouter de la chaleur humaine à toute cette force. J’ai pensé au père de famille que je suis devenu et à ma fille Laura âgée de 7 ans. Je nous ai imaginés regardant la mer et au-delà, comme un totem, un point d’exclamation, symbolisant à nous deux, le passé, le présent et l’avenir.

  • lehavre.fr : Comment avez-vous « fabriqué » Jusqu’au bout du monde ?

F.M. : Il a d’abord fallu réaliser des fondations et un socle qui résistent aux éléments. Ce fut la première difficulté. Le choix du matériau s’est tout naturellement porté sur la même résine que celle utilisée pour la coque des bateaux. Elle est solide et vieillit bien même s’il faut l’entretenir régulièrement. J’ai voulu que la sculpture soit du même blanc que celui des galets de la plage qui se trouve à ses pieds, afin qu’elle se détache de la falaise. Une fois ces caractéristiques posées, mon corps et celui de ma fille ont été scannés pour en faire un moule. J’ai ensuite retravaillé les expressions de nos visages avec le sculpteur portraitiste Fabrice Gloux pour mettre plus d’humanité dans nos traits. Ce fut un vrai puzzle géant à construire tous ensemble.

  • lehavre.fr : Pourquoi cette hauteur de 6, 24 m ?

F.M. : C’est un clin d’œil à Auguste Perret et à la fameuse trame qu’il a choisie comme étalon pour la reconstruction du Havre. Le gigantisme de Jusqu’au bout du monde comme celui de À l’origine rend hommage à l’intime, aux petites choses de la vie.

*Directeur artistique d’Un Été au Havre

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