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Réouverture du tunnel Jenner

Le 21 décembre, le tunnel Jenner ouvre un nouveau chapitre de son histoire

Le 21 décembre, automobilistes et cyclistes pourront à nouveau emprunter le tunnel Jenner entièrement réhabilité pour répondre aux normes de sécurité les plus drastiques. Retour sur une longue histoire.

Tout s’est déroulé conformément au calendrier prévisionnel du vaste chantier entamé en janvier dernier. En ce premier jour d’hiver, les Havrais retrouvent le tunnel Jenner, formidable outil de communication entre la ville haute et la ville basse. C’est donc un nouveau chapitre qui s’ouvre dans le grand livre qui relate l’histoire riche et parfois tragique de cet ouvrage urbain majeur.
Véritable trait d’union, le tunnel a dû subir une intervention de fond en comble pour se conformer au cahier des charges s’appliquant à tous les tunnels français depuis la catastrophe du Mont-Blanc en 1999. Les nouveaux critères de sécurité en vigueur en France sont désormais respectés dans ce tunnel emprunté chaque jour par près de 20 000 véhicules. Long de 680 mètres et composé de deux tubes construits en partie avant la Seconde Guerre mondiale, le tunnel est exploité depuis l’implantation du tramway par la CODAH qui a investi près de 15 millions d’euros pour ces travaux.

Un fonctionnement modifié

La mise en sécurité du tunnel Jenner vient conforter de premières mesures auxquelles les Havrais s’étaient déjà habitués, à l’image de la circulation sur une seule file dans chaque sens. De nouveaux systèmes de sécurité ont vu le jour, comme l’amélioration du système de ventilation (indispensable en cas d’incendie ou de dégagement de fumée) et d’un système de détection automatique de tout incident : accident de la circulation, véhicule en panne, incendie, décrochage d’extincteur, ouverture d’une porte ou emprunt du tunnel par un piéton… En effet, la nouvelle configuration et les normes de sécurité interdisent le partage du tunnel avec les piétons qui, en cas de dégagement de fumée et de mise en route des systèmes de ventilation, pourraient être asphyxiés avant d’atteindre la sortie du tunnel. Un cheminement via la rue du Général-Rouelle a été spécialement aménagé, ainsi qu’un titre de transport à tarif réduit permettant aux piétons d’emprunter le tram entre les stations Jenner et Rond-Point. Le tunnel est sous surveillance 24h/24, toute l’année.

Infographie Tunnel Jenner

En tête dès les années 30

Alors que Le Havre se développe fortement au début du XXe siècle, les rues en dénivelé et en lacet rendent difficile la circulation entre le centre et les quartiers hauts en plein essor. En 1933, le maire Léon Meyer présente un plan d’urbanisme où figure un axe de circulation destiné à relier les villes basse et haute par un tunnel routier, dans l’axe du cours de la République. Il en va de la desserte du plateau et de toute l’agglomération. Le percement débute en 1941 pour servir provisoirement d’abri anti-aérien et pour protéger la population civile durant tout le conflit. Il sera malheureusement fatal à 319 personnes qui y mourront asphyxiées le 6 septembre 1944.
En 1945, une lettre du maire Pierre Voisin au préfet de l’époque demande l’achèvement du tunnel routier par les services de l’État, en raison de son coût et du caractère vital de l’ouvrage pour les nombreux sinistrés qui demeurent dans les nouveaux quartiers d’Aplemont ou de la Mare au Clerc. En 1956, le tunnel entre enfin en service même si tout n’est pas encore réglé : il faut désormais configurer les accès, notamment celui du Rond-Point, inadapté au développement exponentiel de la circulation routière, automobile, poids-lourds et transports en commun inclus. S’ensuit une longue procédure qui aboutit à la démolition d’immeubles environnants ainsi que l’aménagement de la jonction des voies. Soit dix années supplémentaires de travaux.
C’est finalement en 2010 que de nouveaux travaux modifient la configuration du tunnel, avec la création d’une troisième galerie dédiée au trafic du tramway. Un chantier réalisé en deux années seulement ! La rénovation qui vient de s’achever est un nouveau jalon de l’histoire mouvementée du tunnel Jenner.

Quelques dates clés
1933 : naissance du projet d’un tunnel routier dans l’axe du cours de la République
1941 : début des travaux d’un abri-tunnel pour protéger la population des bombardements
6 septembre 1944 : effondrement de la galerie causant la mort de 319 habitants
1945 : reprise des travaux avec le soutien de l’État
1947 : déclaration d’utilité publique
15 juin 1956 : mise en service du tunnel
12 décembre 2012 : mise en service d’un 3e tunnel de 575 m pour la circulation du tramway

Un nom qui s'impose
Primitivement désigné sous le nom de tunnel routier de la Côte ou encore de la Côte Sainte-Marie, ce dernier, en débouchant au nord sur la rue Jenner tracée en 1930 puis en la modifiant en place Jenner, prit insensiblement le nom de ce médecin anglais inventeur du vaccin contre la variole. C’est donc l’usage populaire qui prévaut ici et non une dénomination officielle.

La tragédie du 6 septembre 1944
Durant la Seconde Guerre mondiale, une seule voie de tunnel, sur les deux prévues initialement, est percée. Longue de 620 m, la galerie fournit un abri aux habitants et est réservée aux civils qui s’y réfugient chaque soir et à chaque alerte. Le 6 septembre, tout le monde craint la destruction de la ville haute. Les Havrais se ruent vers l’abri-tunnel des deux côtés. Sur le coup de 18 heures, les bombes explosives et incendiaires frappent massivement les Acacias, Aplemont et Frileuse. Les habitants de ces quartiers se précipitent alors vers la galerie déjà totalement saturée par les milliers d’habitants qui s’y trouvent. Plusieurs centaines de personnes en proie à la panique forcent alors l’entrée condamnée de la galerie ouest. Sitôt à l’intérieur, vers 19 heures, une bombe explose et emmure 325 personnes dans un boyau sans issue de 2 m de largeur sur 120 m de longueur. Les travaux de sauvetage ne peuvent commencer qu’à la fin du bombardement, une heure plus tard, et ne parviennent aux victimes que vers 6 heures le lendemain matin. Il n’y aura que six rescapés, la plupart des victimes étant mortes par asphyxie.